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14/01/25
Faillites en 2024 : Le bilan qui fait peur aux entreprises
L’année 2024 a été marquée par une hécatombe chez les entreprises françaises. Selon le rapport publié par BPCE L’Observatoire, près de 66 500 structures ont mis la clé sous la porte, un record depuis la crise financière de 2009.
Rien que pour le quatrième trimestre, 17 966 défaillances ont été enregistrées. Ce constat, qui met en lumière une conjoncture économique extrêmement tendue, inquiète les experts face à une année 2025 pleine d’incertitudes.
Une croissance économique modeste
Les raisons de cette situation sont multiples. En premier lieu, une croissance économique modeste de 1,1 % en 2023 et 2024, soutenue principalement par la dépense publique et les exportations, mais sans impact significatif sur la demande intérieure privée. L’investissement a plongé, plombé par une inflation salariale persistante dans les services, réduisant les marges des entreprises. Depuis mi-2023, la hausse des coûts de financement a ajouté à leurs difficultés, avec des secteurs comme l’immobilier et le bâtiment particulièrement touchés.
Ces tensions ont frappé de plein fouet les TPE et PME, encore fragiles après les crises successives de ces dernières années. Une enquête récente révèle que 56 % des dirigeants jugent l’incertitude politique comme un frein majeur à leur activité. Nombre d’entre eux ont décidé de reporter ou d’annuler leurs projets d’investissement.
Un effet de rattrapage
La remontée des défaillances en 2024 traduit un véritable effet de rattrapage. Les mesures de soutien économique mises en place entre 2020 et 2022, comme le fameux « quoi qu’il en coûte », avaient temporairement évité des cessations d’activité. Mais les entreprises épargnées, notamment les PME et ETI, n’ont fait que repousser l’échéance. En 2024, 5 265 PME-ETI ont fait faillite, une augmentation de 51 % par rapport à 2019. Les structures de taille intermédiaire (3 à 9 salariés) enregistrent elles aussi une progression notable des défaillances (+31 %). Même les microentreprises, jusque-là relativement épargnées, voient leur situation se dégrader rapidement.
Certains secteurs sont plus durement touchés que d’autres. La construction et l’immobilier concentrent une large part des emplois menacés, avec des chiffres atteignant jusqu’à 3,5 % des salariés dans ces branches. L’hébergement-restauration et les services aux entreprises subissent également des pertes significatives. Sur le plan territorial, la crise est particulièrement aiguë dans des régions comme l’Aquitaine (+101 % de défaillances par rapport à 2019) ou le Poitou-Charentes (+87 %).
Des perspectives sombres pour 2025
Pour 2025, les perspectives sont tout aussi sombres. BPCE L’Observatoire anticipe environ 68 000 défaillances, un niveau historiquement élevé, avec des petites structures en première ligne. Les PME et ETI pourraient toutefois connaître une légère accalmie, le rattrapage des défaillances évitées semblant arrivé à son terme. Mais les entreprises devront affronter un environnement difficile, entre une croissance économique en dessous de 1 %, des remboursements de prêts garantis par l’État (PGE) et des incertitudes politiques et budgétaires persistantes.
Ce bilan, extrêmement préoccupant, souligne l’urgence d’une action concertée entre les pouvoirs publics et les acteurs économiques pour éviter une nouvelle vague de faillites et préserver les emplois dans les secteurs les plus exposés.